Aurélie
Lautier

Cher destinataire inconnu,
Je vous écris ces mots car il me faut vous convaincre de bien vouloir prendre le risque de faire de moi - une non-librairie, une moldue de la librairie en somme- une libraire. Je dois donc vous dire que mon dernier métier exercé était attachée de presse. On peut aussi parler de chargée de communication, également de relations médias. Durant 3 ans, le coeur de mon travail a consisté, dans les grandes lignes, à défendre des titres, des auteurs·rices auprès de journalistes et d'influenceurs·ses. Que la lumière fut sur mes catalogues. C’était passionnant. Toutefois, il y a eu progressivement un décalage gênant entre moi et mon travail, sans que je comprenne immédiatement ce qu'il se passait réellement.
C'est après avoir suivi des formations en médiation du livre auprès de l’École du livre du Salon du livre jeunesse de Montreuil que j’ai saisi de quoi il s'agissait. J'ai réalisé que l’ensemble de mes compétences et de ma personnalité seraient nettement plus à leur place en librairie.
En effet, si je possède un certain talent pour défendre êtres et causes qui parlent à mon âme, j'ai surtout un goût vif et déterminant pour la diversité; diversité (éditoriale) qui me manquait en étant attachée de presse, membre d'une maison, ambassadrice d'une ligne, d'une marque, porteuse d'un point de vue. D'autre part, il se trouve que la dimension logistique -pragmatique- de la librairie me plait fort. Aussi lyrique et romantique puisse être ma verve, mon cerveau aime quant à lui anticiper, organiser, ranger (oui) et concevoir. Penser un espace. Le réinventer toujours. Régler des problèmes. Trouver des solutions.
Enfin, last but certainement not least, j'ai un sens aigüe du social. J'aime me lier aux gens, aux lecteur·trices. J'aime également les choses normales, la vie quotidienne, les petits tracas, l'infra-ordinaire. Or, être attachée de presse a jusqu'alors revêtu une dimension formidable, extraordinaire parfois. Je suis heureuse de l'avoir expérimenté. Mais ce n'est pas moi, vous comprenez?
Aussi, confortée par de un grand nombre d’expériences sur des salons, ainsi que par de nombreux échanges avec des libraires, je souhaite désormais poursuivre ma route professionnelle en librairie.
Si ce courrier vous intrigue, n'hésitez pas à me contacter. Je vous parlerai de mes autres vies, avant l'édition, et vous m'en direz plus sur vous et votre librairie. Et si vous aimez les oiseaux, le monde paysan et la médecine légale, nous devrions nous entendre.

Bien à vous,

Aurélie